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En êtes-vous sûr ?
Le pasteur M., incontestablement préparé par Dieu pour frayer avec des soldats rudes et indifférents, avait exercé durant de longues années, dans la ville de R. un ministère béni. Doué d’une nature ardente, il savait, par la grâce de Dieu, manier la Parole comme une épée à deux tranchants, atteignant ainsi plus d’un homme qui s’était cru invulnérable. La peur des hommes lui était inconnue, tant dans ses rapports avec les officiers et les personnes haut placées, que lorsqu’il élevait sa puissante voix parmi les soldats, leur parlant avec un sérieux extraordinaire et une grande insistance.
Un jour qu’il lisait dans son cabinet d’étude, il entendit frapper à sa porte et vit paraître un domestique richement galonné. Celui-ci le pria de se rendre auprès de son maître qui paraissait près de mourir.
Quelques minutes plus tard, il se trouvait au chevet d’un malade, homme de la haute aristocratie, entouré de toutes les richesses, de tout le confort de ce monde. Il n’en paraissait pas plus heureux, et ses traits révélaient une grande angoisse. Il avait vidé à grands traits la coupe du péché, tourné la vie éternelle et Dieu en dérision, et passé son temps dans les lieux de plaisir et de débauche. Aussi paraissait-il, en dépit de ses trente-six ans, un vieillard usé. Faut-il s’étonner que son regard ne fût pas joyeux ? De tout temps il avait cherché à se représenter la vie éternelle comme une fable, l’existence de Dieu comme un mythe, et le ciel et l’enfer bons seulement pour alimenter l’imagination des imbéciles. Bien qu’il eût réussi à s’étourdir au milieu du bruit et des divertissements de ce monde, ses beaux raisonnements semblaient lui faire défaut aux approches de la mort. Il est certain qu’une grande agitation s’était emparée de lui et l’avait engagé à faire appeler à son chevet l’austère ecclésiastique.
Cependant M. ne se trouva pas être le seul visiteur, car le malade semblait avoir redouté un tête-à-tête avec l’homme de Dieu. Peut-être espérait-il encore que ce pasteur qui parlait des choses invisibles pourrait être convaincu par les arguments des incrédules. Dans ce but, il avait appelé à son chevet un de ses camarades de débauche, qui avait rejeté dès longtemps toute croyance en Dieu et en la vie éternelle. Cet ami du malade était officier d’état-major dans l’armée.
M. le salua avec respect, mais, sans s’occuper de lui davantage, il se dirigea vers le lit du malade et, se penchant sur le mourant, lui parla de l’amour du Sauveur et de la nécessité qu’il y avait à le chercher tandis qu’il en était temps. Il lui dépeignit aussi, en peu de mots, le terrible sort d’une âme qui passe dans l’éternité sans avoir trouvé Dieu.
Encouragé par la présence de son ami, le malade paraissait plutôt décidé à ne pas écouter M. Il aurait eu honte de reconnaître devant un témoin qu’il manquait de paix et qu’il avait été assez pusillanime pour penser à l’éternité. Dès que M. sut à quoi s’en tenir, son attitude devint plus sévère ; il parla de l’enfer et de la perdition éternelle qui menaçait inévitablement tout pécheur impénitent ; il parla aussi de la justice divine dont on ne pouvait se railler et dépeignit le terrible jugement suspendu sur ceux qui fermaient leur cœur et leur conscience aux appels de la miséricorde divine. L’officier d’état-major écoutait en silence depuis quelque temps, bien que ses gestes témoignassent de son mécontentement ; il n’osait pas, toutefois, interrompre cet homme respectable. Mais sa patience fut bientôt à bout.
— Vous feriez mieux, dit-il avec colère au pasteur, de garder vos paroles pour vous et de vous en aller. Je crois que mon ami peut se passer de votre assistance. Peut-être mourra-t-il, mais pourquoi assombrir ses derniers moments et faire passer devant son imagination vos histoires de revenants ?
— Je ferai ce que Dieu me commande, répondit le pasteur avec calme. Il veut avertir ce pécheur pour la dernière fois ; c’est dans ce but qu’Il m’a envoyé, et malheur à moi si je me taisais. Dieu veuille que votre ami soit encore effrayé à salut ! Il vaut mieux trembler à présent à la pensée de l’enfer, tandis que le salut est encore possible, que de s’avancer sans crainte au devant de la perdition éternelle à laquelle on ne peut échapper. Il vaut mieux se réveiller au bord de l’abîme que de s’y précipiter inconsidérément pour être irrémédiablement perdu. Il vaut mieux croire aujourd’hui à l’existence d’un lieu de tourments que de se réveiller dans les souffrances et dans le feu qui ne s’éteint jamais. Il vaut mieux...
— Arrêtez ! arrêtez ! s’écria l’officier en proie à la plus violente agitation. Allez faire étalage de votre science où bon vous semblera ! Effrayez par vos récits les vieilles femmes et les enfants ! Nous sommes des hommes et, par conséquent, dès longtemps revenus de vos contes absurdes. Tout ce que vous venez de dire n’est que mensonge, tromperie, insanités indignes d’un homme raisonnable. Nous vivons, nous mourrons, et tout sera dit. Il n’y a rien après la mort.
À ce moment, M. se redressa, se dirigeant en silence vers l’officier et, se plaçant devant lui en le regardant fixement, il lui demanda d’une voix solennelle : « En êtes-vous sûr ? »
Un coup de tonnerre tombant en plein midi d’un ciel sans nuage n’eût pu provoquer plus de stupéfaction que n’en produisit cette question inattendue. L’officier resta un instant comme pétrifié, puis saisit gants et casquette et s’enfuit sans mot dire.
M. retourna près du malade et se remit à lui parler de repentance, de conversion, lui annonçant le pardon ou la perdition éternelle, le ciel ou l’enfer.
Après qu’il l’eut quitté, le mourant se retrouva seul, mais son calme apparent avait disparu. Cette question : « En êtes-vous sûr ? » retentissait constamment à ses oreilles, et la voix de sa conscience lui répondait : « Non ! ». La conviction du péché et de la perdition s’était emparée de lui, la crainte et le tremblement l’avaient saisi en pensant à Dieu dont il avait nié l’existence, et au jugement dont il s’était moqué si souvent.
Le lendemain, de grand matin déjà, il fit redemander le pasteur. M. arriva pour trouver le malade en proie à de terribles luttes morales et tout près du désespoir.
— Ah ! combien j’ai langui après vous ! s’écria-t-il à l’entrée de M. ; pardonnez-moi d’avoir été si impoli, hier. C’est vous qui avez raison, votre chemin vaut mieux que le mien. Je n’ai plus aucune sûreté ; je suis perdu, perdu ! Vous, au contraire, vous avez une certitude absolue, je le lis sur vos traits, vos paroles le prouvent. Oh ! dites-moi comment faire pour arriver à cette assurance ? Où trouver la paix ?
— Auprès de Jésus, et de Lui seul, répondit M. profondément ému. Il est le chemin, la vérité et la vie. À vous aussi, Jésus offre pardon et délivrance par la foi en son sang répandu.
Et le serviteur de Dieu se mit à annoncer à cette âme angoissée l’Évangile de paix et de salut, le joyeux message de Jésus. Dieu bénit ses paroles. La forteresse était prise, le cœur était brisé ; l’homme qui, la veille encore, se raidissait contre toute parole d’avertissement, s’inclinait maintenant devant Dieu, implorant humblement sa miséricorde. Il ne vécut plus que peu de jours et alla joyeusement et avec calme au-devant de la mort ; toutes ses craintes avaient disparu, car il se rendait vers son Sauveur, là-haut, dans la patrie éternelle — il en était sûr.
Et maintenant, cher lecteur, permets-moi une question : « Es-tu sûr, toi aussi, du salut de ton âme ? ». Peux-tu dire avec certitude que tu es réconcilié avec Dieu, et peux-tu regarder la mort en face avec calme et même avec joie ? Ou bien appartiens-tu à cette classe toujours plus nombreuse de personnes qui s’efforcent, comme l’officier mentionné plus haut, d’oublier tout ce qui touche à la mort et à l’éternité, se persuadent que la Bible est sans doute un bon livre, mais non pas la parole de Dieu, et que tout ce qu’elle enseigne au sujet de Dieu et de la vie éternelle est une invention des hommes pour servir d’épouvantail aux méchants et fortifier les bons dans leurs résolutions. Fais-tu partie de ces insensés, comme la Parole de Dieu les appelle, qui disent : « Il n’y a pas de Dieu » ? S’il en est ainsi, laisse-moi t’adresser, à toi aussi, la question de M. : « En es-tu sûr ? ». Peut-être me répondras-tu : « Non, je n’en suis pas sûr ; mais il est impossible de savoir quelque chose avec certitude ; personne ne peut arriver à cet égard à une assurance complète ».
Eh bien, mon ami, je puis te dire que je suis parfaitement sûr (et des milliers d’hommes avec moi, grâce à Dieu) que, non seulement il y a un Dieu, mais qu’Il fait grâce aussi, pour l’amour de Christ, à tous ceux qui viennent à Lui et qu’Il veut les rendre participants des joies célestes. Comment suis-je parvenu, et tant d’autres avec moi, à cette assurance ? La Parole de Dieu, elle-même, m’en a indiqué le chemin. Écoute ce que dit le Seigneur Jésus : « Ma doctrine n’est pas mienne, mais de Celui qui m’a envoyé. Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu, ou si moi je parle de par moi-même » (Jean 7:16:17). Et l’apôtre Jean écrit : « Et c’est ici le témoignage : que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils ; celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:10-12). Et en Romains 8:16, il est dit : « L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu ».
Il existe encore plusieurs passages analogues dans la Parole, mais ces trois suffiront à te prouver qu’il est possible d’arriver à la certitude. Et la prière instante que je t’adresse est que tu veuilles ne pas te donner de repos, avant d’être sûr de ton salut et de l’accueil qui t’est réservé auprès du Seigneur. Dieu peut et veut se communiquer à toi. Il est le Dieu vivant, et Il est le Dieu d’amour qui ne veut pas la mort du pécheur, mais sa conversion et sa vie. C’est pourquoi, détourne-toi du chemin parcouru jusqu’ici et tourne-toi vers Dieu. Le bien éternel de ton âme est en jeu. N’écoute plus les insinuations de Satan, car c’est lui qui a aveuglé tes pensées, pour que « l’Évangile de la gloire du Christ, qui est l’image de Dieu, ne resplendît pas pour toi » (2 Corinthiens 4:4). Ses visées tendent constamment à tromper les hommes et à remplir leurs cœurs d’incrédulité et de superstition, afin de pouvoir les conduire sûrement à la perdition éternelle. Il est ton pire ennemi, aussi fuis-le et tourne-toi avec droiture vers ce Dieu qui te donne gratuitement le salut en Jésus — vers ce Dieu qui t’aime et qui a permis que ces lignes tombent sous tes yeux afin de t’avertir et de te supplier de ne pas laisser passer en vain le temps de la grâce. Il ne reste à ceux qui négligent la grâce qu’un jugement terrible, car « il est réservé aux hommes de mourir une fois — et, après cela, le jugement ».
« C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant » (Hébreux 9:27 ; 10:31).
C’est pourquoi hâte-toi de sauver ton âme ! Dieu est une réalité, l’éternité est une réalité, le jugement est une réalité. Tous ceux qui se rient du nom de Jésus et le méprisent, devront, un jour, s’en convaincre au prix de leur malheur éternel. Ils seront forcés de ployer le genou devant Celui qu’ils auront méprisé et de confesser que Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père (Philippiens 2:11). Ils auront, avec tous ceux qui n’ont pas recouru au sang de Christ pour obtenir le pardon et la paix, leur place dans le feu qui est préparé au diable et à ses anges. Dieu veuille que, par sa grâce, tu ne sois pas du nombre de ces malheureux ! Hâte-toi d’aller à Jésus tandis que tu peux dire encore : « aujourd’hui ». Il est prêt à te donner l’assurance complète, à te préserver de tout jugement et à remplir ton cœur de paix et de joie. Son sang précieux suffit pour nous purifier de tout péché.